C’est l’heure de rentrer à la maison

… et je me sens triste !

Pendant des semaines, on a attendu ce temps heureux - et il l’a été - et maintenant, c’est l’heure de faire les bagages, de rentrer chez soi, de reprendre le train-train quotidien. Parfois, déjà depuis le milieu des vacances, je sens le blues de la fin du séjour, cette année, j’ai vécu intensément jusqu’à la fin de la dernière journée, en regardant, côte à côte avec ma fille aînée, le beau match de l’équipe féminine de football qui s’est défendue courageusement contre la machine de guerre espagnole.

Tout le monde dort encore, le ciel est magnifique avec ce lever de soleil coloré mais, bientôt, ce sera l'heurte des rangements, des nettoyages, du Tetris pour charger la voiture et la route vers chez nous. Si nous sommes tous unanimement heureux à l’idée de quitter la jungle campagnarde des insectes en tout genre, le retour à la maison me laisse un goût amer, tout comme la reprise du travail, bien des semaines avant la rentrée, alors que j’aime ce que je fais, tant en classe qu’en dehors.

Pourquoi cette tristesse ?

L’attente

On dit que « l’effet vacances » commence 8 semaines avant de partir. On les attend, on se réjouit et notre être tout entier se prépare à ce moment différent, festif, joyeux, loin du travail, qui, opposé aux vacances, garde une connotation négative. Pas étonnant dès lors qu’un retour soit imprégné de tout le contraire : tristesse, retour au turbin, monotonie, rythme accéléré et parfois infernal.

Une vision sociétale

La société nous enferme d’une certaine manière dans cette dichotomie temporelle qui, en caricaturant à peine, devient cette équation :

• 1 année =47 semaines de travail stressant, ennuyeux + 5 semaines de vacances libres et joyeuses

Pas étonnant que le retour à la maison soit perçu comme une punition, le retour dans un enfer après avoir eu quelques semaines de répis.

Un rythme effréné

Si je m’interroge un peu plus profondément sur ce qui diffère entre mes vacances et mes temps de travail, je crois que c’est le rythme de ce dernier. Travailler 60 heures par semaine, se lever tôt, surtout quand je vais en classe, et s’astreindre à une routine quotidienne exigeante, c’est certes la rançon de tout ce qui est produit — quoique cela puisse certainement être différent — mais cela me pèse.

Je suis plutôt bon en planification, en productivité mais je laisse peu de temps pour les loisirs, la légèreté. Et là, je peux continuer à m’améliorer. Les 6 résolutions de Pâques ont été une bonne étape, qui peut encore s’améliorer.

Le retour aux routines

Et que dire de la routine ? D’un côté, elle soutient la vie, en plaçant en mode automatique toutes les petites activités, dites routinières. Heureusement qu’elles sont là. D’un autre côté, elle rend les journées semblables et diminue l’effet de nouveauté. Les journées ont leur squelette identique et chaque jour de la semaine répète presque imperturbablement de manière presque uniforme le même motif : lundi, mardi, mercredi…

En vacances, chaque jour est différent, et différent des semaines habituelles également. Au point que, bien souvent, on ne sait plus quel jour on est : la routine des jours n’est plus suivie, et généralement on apprécie cet élément déroutant. Terminer les vacances, c’est reprendre cette routine, nécessaire mais bien moins existante que lorsque chaque jour est une nouveauté à part entière.

Est-ce que tout doit reprendre comme avant ?

Non, tout ne doit pas recommencer comme avant. Les coupures, les changements de rythme et de priorité permettent de continuer sur une autre lancée, d’intégrer d’autres éléments dans le train-train quotidien, de mettre d’autres priorités.

Les filles grandissent et chacune de nos dernières vacances, a été comme une redécouverte de la vie de famille, du plaisir de vivre ensemble. L’espace commun de notre petite location était un plaisir pour cela et, hier, notre dernière faisait des plans de réaffectation des pièces de notre domicile pour que nous puissions garder ce lieu de vie commun actif alors que la cuisine, le salon et la salle à manger sans dans trois lieux séparés… et que le bureau est la pièce où papa, et bientôt maman, passeront beaucoup de temps.

Mais avant les dispositions physiques, ce sont les intentions mentales qui comptent. Et comme chaque fois après de bonnes vacances, c’est vivre avec ma famille qui est l’idée la plus forte. Le travail, la classe, les publications, les projets sont nécessaires et bons mais ils doivent encore et toujours s’équilibrer avec les autres éléments : famille, loisirs, amis.

Attendre pendant 50 semaines les prochaines vacances ?

Alors non, je ne vais pas me morfondre jusqu’aux prochaines vacances d’été, en décomptant les jours sur un grand calendrier dans ma chambre à coucher, comme certains le font pour le départ à la retraite.

L’année scolaire, puisque c’est à ce rythme que je suis soumis, de par notre profession et nos trois filles qui sont en âge de scolarité, est palpitante. Tant pour elle que pour nous ! Leur vie scolaire est rythmée par des fêtes et des événements et la nôtre est ponctuée par bien des éléments que nous aimons - sinon, nous ne ferions pas ce métier !

La vie de classe, la préparation et l’animation des cours, le développement des élèves demandent une sacrée énergie mais que de belles interactions se produisent chaque année.

Et puis, il y a tous les projets qui voient le jour, qui contribuent peut-être à ce rythme élevé, mais qui sont satisfaisants, comme on dit de plus en plus :

• le projet Maître de son temps, et le projet d’enregistrer ma première formation en ligne
• le blog d’ENSEIGNER.org
• le coaching des enseignants 5-8 de l’école Edenpark
• … et tous les projets plus petits qui s’ajouteront par la suite

Les vacances seront toujours appréciées, mais pas attendues en se rongeant les ongles et en décomptant les semaines, les jours, les heures. La vie est faite d’alternance – et parfois de grands chambardements !

À l’heure de rentrer à la maison, de vivre deux semaines de vacances différentes, écrire cet article sur la terrasse à la lumière du soleil levant est une belle manière de profiter jusqu’au bout de cette merveilleuse région de Haute-Loire que nous avons visitée pendant deux semaines.

Les vacances ont été et seront encore belles. L’année qui les suivra également !